Quand les p’tites boîtes bottent le cul des grandes

J’ai eu vent de commentaires désagréables et condescendants envers une p’tite boîte qui a obtenu un mandat relativement gros. Le tout s’est fait avec une tape dans les dents de boîtes beaucoup plus grosses, plus expérimentées et mieux structurées. Comment est-ce possible?

Tout d’abord, la perspective

Il faut dire que ceux qui émettent des commentaires négatifs face à une p’tite boîte qui obtient un gros mandat n’ont généralement aucune idée de ce qu’est d’être entrepreneur. Ils ne savent pas ce que c’est de ne pas avoir de paie régulière ni même de savoir quand sera la prochaine. Ils n’auront jamais la chance de remporter un mandat face à une grosse boîte parce qu’ils ont des p’tits raisins secs au lieu de la paire de couilles que ça prend pour se lancer à son compte.

L’envergure n’est pas gage de compétence

Si une plus grosse structure peut être une forme de garantie quant à la capacité de livrer un mandat, le nombre d’employés n’a rien à voir avec la somme de talent et de créativité d’une équipe. En effet, 2 personnes peuvent être plus talentueuses et créatives qu’une bande de 30.

La motivation et la nécessité de réussir

Un des avantages des p’tites boîtes qui démarrent est que la réussite est un enjeu de survie. Il n’y a pas de filet de sécurité. Pas de coussin pour traverser les temps durs. Ils ont faim de réussite. Très faim! Ainsi, un entrepreneur qui se lance sera très motivé à réussir. Fail is not an option. Il doit réussir coûte que coûte. Ce genre d’attitude contre des grosses boîtes plus (ou trop) confiantes peut être un sérieux atout face au client. Méfie-toi de ceux qui n’ont rien à perdre et tout à gagner comme l’a dit un sage dont je me rappelle plus son nom.

C’est quoi le problème avec le sous-sol?

Combien de fois j’ai entendu « ben voyons, c’est une shop de sous-sol »? Sachez que la plupart des PME sont nées dans un sous-sol alors il serait surprenant qu’un entrepreneur regarde ses origines avec mépris. Et ces mêmes entrepreneurs ont un jour remporté un mandat contre une plus grosse organisation.

Une occasion d’apprendre

Pour les soumissionnaires perdants, c’est une occasion de s’améliorer. La boîte gagnante n’a pas gagné parce que c’était une p’tite boîte. Elle a gagné parce qu’elle a présenté la meilleure proposition qui a convaincu le client. Point. On peut chercher toutes sortes de raisons, mais au final, ils ont été les meilleurs. Pire, ils ont été les meilleurs tout en étant une p’tite boîte de sous-sol! Ça replace l’orgueil à la bonne place et ça permet de faire un post-mortem et d’identifier les erreurs commises pour ne pas se refaire botter le cul.

Bref, en grossissant, on a tendance à oublier qu’on a déjà été petit et qu’on faisait n’importe quoi pour réussir. C’est le sentiment de sécurité qui s’installe et on s’assoit sur nos lauriers. Puis des fois, des p’tites boîtes viennent nous rappeler qu’en affaires, les entreprises qui s’assoient sur leur steak se feront tasser tôt ou tard. Être en business, c’est un long chemin ardu et non un banc dans un parc pour regarder les oiseaux.

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18 commentaires sur “Quand les p’tites boîtes bottent le cul des grandes

  1. Oh que j’aime l’énergie qui se dégage de ce billet! « Fail is not an option »… Exactement! C’est en plein dans cet état d’esprit que sont les entrepreneurs qui se lancent, et les clients sont les premiers à pouvoir en bénéficier. Merci Steph pour cet excellent texte!

  2. Ça fait plaisir à lire et oui beaucoup d’entreprises on débuter dans un sous-sol et puis après on regarde encore plus les apparences une fois de plus .

  3. Et dire que DELL à débuter dans son garage. Est-ce meilleur ? 🙂

  4. Pour faire suite à ton billet, il y a cet article qui tombe à point : L’industrie de la pub menée par des dinosaures. (cyberpresse.ca/le-soleil/...gere_4300238_article_POS1)

    Mon extrait préféré :

    Selon le professeur Cossette, beaucoup trop d’agences québécoises seraient maintenant gérées par des gestionnaires qui sont, par leur métier, «des gens d’arrière-garde» qui «imposent leurs vues sur la profession, quitte à la faire crever avec eux».

    «Peu d’entre eux sont des innovateurs, poursuit-il. Et c’est pour cela que leur rongent les mollets ces petites entreprises qui surgissent avec des tactiques originales.»

    Et voilà, tout me semble dit. C’est la même chose dans le secteur hybride du Web : quand on a le choix entre une grande et une petite boîte, on a souvent le choix entre une boîte qui sera axée sur la réponse à l’appel d’offres (et aux modifications ensuite pour rentabiliser le tout) et une autre qui sera axée sur les résultats. Au client de choisir.

  5. J’adore ton billet bravo. Je suis totalement d’accord, je gère une équipe de 6 développeurs qui sont plus performant que l’équipe de 30 que nous avions avant la crise économique.

  6. Du bonbon ton texte mon Steph !

    … faut donner aussi le mérite au client qui a eu l’intelligence de choisir ce qui lui fallait/lui plaisait … certainement extrêmement bien conseillé en la matière.

  7. Intéressant ! Les petites boîtes c’est bien. Parfois elles peuvent faire sortir de meilleur résultat que les grosses avec de plus petits budgets, car les frais d’exploitation des petites sont beaucoup plus faibles. J’en sais quelque chose! Par contre, je n’irais pas jusqu’à dire que les grosses boîtes n’ont pas de couilles, au contraire, s’ils sont ou ils sont aujourd’hui c’est justement parce qu’à un moment donné ils ont du prendre des décisions qui n’était certainement sans risque. La pression que doivent vivre les dirigeants des grosses boîtes doit être énorme ! Ils n’ont pas une poignée d’employé à faire vivre, mais des dizaines et des dizaines. Moi, Éric Férole, propriétaire de petite boîte, je lève mon chapeau à tous les entrepreneurs, qu’il gère de petites ou de grosses boîtes!

  8. Je dirais aussi bravo au client qui a eu les couilles de choisir la meilleure candidature. Souvent ceux qui ne veulent pas prendre de décision prennent la boite la plus réputée. C’est la solution facile car plus difficile à mettre en cause en cas de problème.

  9. Je ne voudrais pas être rabat-joie, mais plus de 50% des petites boites ne vivent pas jusqu’à leur 5e anniversaire. Ce n’est pas pour les dénigrer, car je suis passé par là, mais c’est la réalité.

    C’est bien cute David contre Goliath, mais la réalité c’est que les équipes, quand elles sont passionnées, ne sont pas meilleures dans les petites ou grande entreprise. De plus, une entreprise

  10. Je ne voudrais pas être rabat-joie, mais plus de 50% des petites boites ne vivent pas jusqu’à leur 5e anniversaire. Ce n’est pas pour les dénigrer, car je suis passé par là, mais c’est la réalité.

    C’est bien cute David contre Goliath, mais la réalité c’est que les équipes, quand elles sont passionnées, ne sont pas meilleures dans les petites ou grande entreprise. De plus, une entreprise de grande taille a beaucoup plus à perdre si elle ne dit pas la vérité au client ou ne livre pas. Pour la petite entreprise, c’est facile de promettre la lune et après de « s’organiser » pour livrer « quelquechose » car elles n’ont que peu de conséquences. Il n’y a que peu de conséquences juridiques ou sur la réputation de l’entreprise.

    Regardez juste les dernières statistiques de satisfaction/atteintes des objectifs des projets. C’est prêt de 70% des projets techno qui soient les clients sont insatisfaits, soit qui passent à côté des besoins des utilisateurs. Quand on regarde les chiffres, les petites entreprises sont loin derrière.

    Peut-être que vous vous dites, mais non, nous on réussi mieux que ça ! Mais je vous propose de faire une étude sur la satisfaction de vos clients et l’atteinte des objectifs des utilisateurs et vous allez être surpris ! Ça donne une bonne dose de réalité et ça botte pas mal plus les culs que de perdre un appel d’offre contre un plus petit.

    Ne vous détrompez pas, j’adore voir un David sortir une fois de temps en temps et battre Goliath. Mais en réalité ça n’arrive pas souvent. J’espère que ce sera le cas cette fois-ci. On verra ça déja au mois de septembre.

    Dans la pluspart des cas, c’est le client qui paye le prix sur le service et les délais. Je vois souvent des projets de petites entreprises qui devaient durer 6 mois, mais qui sont en retard de plus d’un ans ! Je ne leur en veut pas car je suis passé par là et j’ai fait la même chose. Par contre pour certains clients c’est inacceptable et je les comprends. Certains clients perdent des sommes considérables à cause de ces délais.

    Dans ce cas-ci le client a un calendrier très serré et en plus et dirigé par un CA, ce qui laisse encore moins de jeu. Alors je leur souhaites de livrer de la qualité et dans les temps ! Peut-être qu’un nouveau David est né !

  11. @Jeff intéressant… ça donne un équilibre.

    @Steph C’est cool des propos campés dans un extrême avec des formules chocs…. moi je vois les choses autrement; J’encourage la libre entreprise, j’aime les gens créatifs et passionnés… Les employés des « gros » sont, pour certain, d’ancien ou de futur propriétaires d’entreprise… que ce soit petit ou gros, l’expérience, la passion et la créativité c’est ce que valorise.

    @jeff je pense que l’on passe à côté de la vraie question: « Jeff, si tu avais lu ça et les tweets qui l’accompagnent avant l’invitation à soumissionner, y serais-tu aller? » :-/

  12. @Denis

    Oui, j’y serais allé quand même parce que le message que l’on a décodé du client allait avec ce que l’on a offert. C’est la notre principale erreur, on a mal décodé les attentes du client donc on a offert la mauvaise chose. On est assez agile pour compétionner les petits directement sur leur terrain. Par contre je ne croix pas qu’avoir décidé de prendre cette approche nous aurait permis de satisfaire un client de ce type. Je ne regrette donc pas d’avoir perdu et je souhaite au gagant un excellent projet et un réussite !

Les commentaires sont fermés.